"Ici, on se connaît" !

  Terrible phrase assassine d'une terre lugubre, où nulle herbe ne pousse.

Cimetière des idées non renouvelées dans la solitude humaine.

La connaissance est la surveillance de l'autre, pris au piège de la dépendance.

Tribu imparfaite, tellement confortable dans le conformisme ambiant.

Ne pas sortir du troupeau, ne pas voir l'étranger, ne pas être dérangé.

Visiteur, passez votre chemin, on ne vous connaît pas ! Ne vous installez pas ici.

Ici, c'est "chez nous" et tout le monde se connaît.

Terre d'indifférence qui ne plaît qu'aux Politiques en mal d'affection.

Cette expression fulgurante, n'éclaire que le devant de la porte.

"Toute inclusion est exclusion", chacun devrait le comprendre.

Tous sont partis à la ville, soit disant par manque de logement, mais surtout

pour être libres de leurs mouvements et de leurs pensées.

Certains recommencent, par atavisme" à surveiller leur voisinage par caméras

interposées, installées jusque sur le Téléviseur.

"Moi", je n'ai rien à me reprocher, mais attention à l'autre !

Combien de villages, de petites villes et même de grandes villes ne connaissent

leur déclin que parce qu'ils ont refusé telle ou telle grande entreprise, trop dérangeante ?

Le Chemin de fer a eu bien du mal à tracer sa route et c'est bien la peur de l'étranger

qui a conduit des écarts significatifs. Deux grandes villes n'ont toujours qu'une navette

pour rejoindre la grande ligne de TGV. (Tours et Orléans.)

Les institutions européennes auraient été bien plus développées en France, si la ville

 de Strasbourg n'avait pas été si frileuse en la matière, car effrayée de voir arriver des

fonctionnaires et politiques internationaux.

"La virginité de nos filles n'y aurait pas résisté", dit-on, là bas.

Alors, oui ! ici, on se connaît !

On se connaît juste assez pour réclamer tous les conforts et se plaindre que le pays se meure.

Des départements entiers sont concernés.

Bonheur des résidences secondaires et du tourisme rural.

Vous, qui vous vous connaissez si bien, redoutez les hivers car au printemps, vous vous compterez

moins nombreux encore et les visites des enfants se feront plus rares car les pays "exotiques"

les attendent.

Nous, nous avons gagné des villes de plus en plus grandes et un anonymat garanti.

A force de vous connaître, nous ne nous connaissons plus.