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Le Paradis ! sinon rien !
26 mars 2006

Pour écrire, il faut être un idiot fulgurant...

Pour écrire, il ne faut pas être trop intelligent,

il faut être un idiot fulgurant*. 

Finalement, ce ne sont que des mots alignés, bêtement, sans queue ni tête.

Pensez que beaucoup d'entre eux ont déjà servi dans une précédente phrase.

Dès que vous pensez avoir trouvé un mot neuf, vous êtes sûr que personne ne vous comprendra,

et le dictionnaire vous dira qu'il a déjà servi.

Le mieux et de très loin, c'est la recette de mon Grand père Vermicelle :

Farceur, il mettait des lettres dans mon potage, et je m'amusais à les assembler.

Parfois, çà n'avait effectivement ni queue ni tête, mais bien souvent, c'était la découverte

de mots merveilleux que mon esprit ignorait encore.

Dès lors, je questionnais sans arrêt mon ami le dictionnaire que je n'appelle plus : La Rousse.

Ensemble, j'inventais des mots qu'il me confirmait.

Il est vrai qu'il ne faut pas être trop intelligent pour s'exprimer en consonnes et voyelles.

Jugez plutôt : SNCF, UMP, PMU, ONU, RATP, ONG, PS, PC, TGV ….

Comme il paraît que tout le monde comprend, l'intelligence n'a pas grand-chose à voir pour écrire.

Idiot fulgurant, çà suffit !

Cette idée me plait car on n'a jamais demandé leur diplôme aux idiots.

Quel est l'idiot qui oserait demander un diplôme à un idiot, je vous le demande ?

L'idiot est donc libre de s'exprimer comme ses maîtres ne le lui ont jamais appris.

L'idiot crée par sa nature personnelle et se moque du "qu'en dira-t-on" et de tous les CVPM,

(çà va pas marcher) et des LGSDC (les gens sont des cons) qui pullulent sur Terre.

Cette essence de lui-même est une création, tout comme une ménagère est en création

lorsqu'elle prépare une salade.

Ecrire, c'est une façon de parler sans être interrompu*.

L'important est donc d'écrire comme in idiot mais "fulgurant" pour jeter à terre ces sacs de mots

qui vous envahissent la tête. La réflexion vous viendra tout comme le marcheur fait une multitude

de pas pour aboutir à une bonne direction.

Ecrire sans queue ni tête, c'est marcher sans chemise ni pantalon.

Toutes les sensations de la nature sont pour vous.

Couchez vos mots sur le papier et vous verrez votre matière grise couler sur la plume.

N'oubliez pas : personne pour vous interrompre, sinon Morphée et ses grands bras.

N'avoir rien à dire, mais le dire absolument !

C'est l'instant où les mots bien tricotés dans la tête attendent leur délivrance.

C'est aujourd'hui que le fil se déroule au travers de la plume.

Tremper sa plume dans le clavier, un moyen sage pour tout réaliser en un instant.

Instant où le monde s'arrête, l'esprit enveloppant l'être et sa pensée.

Emotion, tremblement, étourdissement, devant le premier mot à naître.

Enfanter son cerveau vide pour le découvrir si magnifiquement.

Le présent contient sa magie, appelée : la vie en devenir.

"Partir de rien pour arriver à peu de choses", voilà l'ivresse de l'instant.

Sortir du néant pour créer, c'est la Terre retrouvée..

*Antonio Lobo Antunès. (Ecrivain et poète Portugais.)

*Jules Renard.

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