Je tue le temps.

Je crois tuer le temps mais il me tue, lentement.

Il me tue tandis que je veux mourir tout de suite, sans jamais y arriver.

Qui tuera qui, dans ce triste monde ?

Je veux qu’il gagne, qu’il gagne vraiment et sans rémission.

Pour de vrai, en combat loyal.

Je me tue à ce combat, vital pour moi.

Tuer le temps, est-ce bien raisonnable pour les autres qui n’ont jamais assez de temps ?

Je vous offre un contrat avantageux ; tuez mon temps, pour moi, et prenez-le longtemps.

Plus rien ne m’accroche dans ce triste monde si ce n’est ma maison en carton.

Le temps s’amuse trop avec moi en déversant ses torrents de pluie, juste quand le soleil fait défaut.

Le soleil m’étouffe tandis que j’implore la pluie.

Le vent m'emporte vers des terres désolées.

Rien ne va plus. Je passe mon temps à tuer le temps mais il s’amuse avec moi.

Il aime à me voir souffrir.

Je tue le temps pour qu’il me tue vraiment.

Est-ce que le temps arrivera à temps pour le jour de ma délivrance ?

N’oubliera-t-il pas sa besogne ?

Peut-être ne faudrait-il pas que je ne tue le temps complètement pour être sûr de partir un jour ?

Rien à faire, je tue le temps, par tous les temps, mais de temps en temps, car je n’ai rien d’autre à faire.

Sale temps pour moi, ces temps-ci.