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Le Paradis ! sinon rien !
23 avril 2006

Un trait.

Un trait.

Un trait est apparu par un beau matin frais.

Un trait, par derrière chez moi, qui ne disait rien de particulier.

Pourtant, le lendemain, il était toujours là avec son compagnon.

Un trait, çà va, mais deux traits, bonjour l'intrigue sur mes pas.

Sur le papier, ce n'est que distraction humaine, mais sur le sol, c'est une frontière.

Quelles étaient les intentions de ces deux traits blancs, blancs comme notre merle moqueur ?

De qui se moquait-on ? Pourquoi ce silence et cette discrétion ?

Notre pluie amie n'arrivait pas à effacer cette monstruosité atteignant notre intimité.

Un chemin, un chemin, passera par là, nous dit-on par les rumeurs insistantes !

Mais si un chemin passe, il n'oubliera pas de repasser.

Un chemin, alors que nous n'avions jamais rien demandé. Serions-nous trop riches pour

installer un chemin que personne ne réclame ? Pour aller où ? Pour revenir d'où ?

C'est alors qu'un tonnerre, si familier dans notre bonne ville de Brest, s'abattit, juste au dessus

de nos modestes maisons : ce chemin serait construit, non en terre, mais en fer !

Quelle idée, ce fer, alors que la terre nous est si familière.

Notre merle, inspectant le tracé du haut de son ciel, nous raconta que le chemin se profilait

jusqu'à un horizon que ses ailes n'autorisaient pas à s'aventurer.

Qu'avions-nous fait pour mériter cette frontière d'avec notre bonne ville ?

Les travaux avançaient si vite que nous nous étions même pas posé la question sur l'utilité

de ce chemin de fer.

Un beau matin, un monstre bruyant et crachotant fit son apparition.

Notre merle fut happé par une épaisse fumée noire et en ressortit tout blanc, tellement sa frayeur

de se voir précipité dans la grande cheminée rehaussant un four dantesque, fut grande.

Depuis ce funeste trait sur le papier, nous les vaillants habitants de ce quartier si riche et si intime,

nous nous appelons : le quartier du Merle Blanc.

Si vous le voyez tournoyer, dites lui bien qu'il n'y a plus de fumée au dessus de la grosse machine.

Il est vrai que depuis, il préfère nos balcons.

C'est bien lui, notre Merle Blanc, qui nous a prévenu de la folie des hommes.

Pensez que la mer venait lécher notre falaise et qu'ils l'ont fait reculer.

Un port, disent-ils. Mais où vont-ils chercher tout çà ?

Depuis, bien arrimés à notre rocher, nous nous sommes retrouvés entre nous, nous demandant

ce qui peut bien nous arriver de pire depuis que nous avions accueilli l'usine à gaz.

Pour tout dédommagement, ils nous ont construit une malheureuse passerelle au dessus

de ce "chemin de fer".

Si vous nous trouvez quelque peu autonomistes et fiers, vous comprendrez maintenant pourquoi.

Ici, c'est le Merle Blanc, et c'est nulle part ailleurs.

D'ailleurs, qui sait où se trouve le "Merle Blanc" ?

C'est notre secret. Un trait, c'est tout.

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